Dans l?histoire récente de l?Europe, l?Espagne fi gure parmi les cas les plus emblématiques de ce que l?on a baptisé « Transition démocratique », c?est-à-dire le passage d?un régime autoritaire voire dictatorial à un système parlementaire. La science politique a coutume de considérer que la Transition espagnole commence à la mort de Franco en 1975 et qu?elle s?achève avec l?arrivée au pouvoir du socialiste Felipe Gonzalez en 1982. Mais le cas espagnol a cela de particulier qu?il doit intégrer les problématiques spécifi ques à certaines périphéries nationales. Au Pays Basque en particulier, l?apparition de mouvements de lutte armée, la poursuite de leur activité même après 1975, et la mainmise pérenne d?un parti nationaliste basque sur les nouvelles institutions autonomes imposent l?appréhension d?un veritable particularisme, produisant à son tour une Transition démocratique différenciée. Ce sont ces spécifi cités basques dont il s?agit ici de brosser les principaux contours, en une chronologie précédant quelque peu celle de la Transition espagnole pour ses origines ? puisque c?est au début des années soixante-dix que survient la principale rupture avec la montée en puissance des activités d?ETA ?, et la prolongeant pour ce qui concerne son terme. En effet, si la victoire électorale du PSOE en 1982 peut représenter une limite historique commode à l?échelle espagnole, elle est moins effi ciente au Pays Basque où les principaux marqueurs de la Transition ? notamment institutionnels et politiques ? ne connaissent de véritable infl exion que durant la deuxième moitié de la décennie.